Conseils
Le burn out: synthèse de témoignages

On a beaucoup écrit sur le burn out. J’ai voulu donner ici ma synthèse de plusieurs témoignages que j’ai recueillis, d’hommes et de femmes qui ont vécu ce genre d’épisode dans leur vie. Ces témoignages m’ont aussi aidée à identifier autour de moi des personnes à risque et à leur expliquer comment le burn out peut se déclarer et évoluer, dans l’espoir qu’elles se ressaisissent à temps.

Melanie Blaser profile picture Rédigé par Melanie Blaser

Causes et premiers symptômes

Souvent tout commence par des changements dans la situation professionnelle : nouvelles tâches, nouveau collègue, nouveau chef, interim, nouveau projet. Peu à peu on se rend compte qu’on est sensible aux remarques, que certaines choses ne sont pas faites comme on aimerait, qu’il y a un écart entre les valeurs de l’entreprise et la manière dont les employés sont traités. Mais on n’arrive pas à l’exprimer correctement, à se faire entendre. On veut tout faire et tout faire bien, sinon on culpabilise. Les personnes qui font un burn out sont souvent des perfectionnistes, très investies dans leur travail. Et le burn out en profite pour s’installer ; « c’est comme un élastique, tu tires dessus, mais tu ne sais pas quand ça va péter » me disait une des personnes touchée. 

Symptômes physiques et psychologiques

Ensuite, commence la longue descente, les symptômes physiques peuvent s’ajouter aux symptômes psychologiques. On n’arrive plus à tout faire, on ne supporte pas les remarques de son chef et de ses collègues, on n’a plus envie d’aller travailler, on n’ose plus prendre la parole en public, on a l’impression que certaines tâches sont très compliquées, on a du mal à planifier, on a des problèmes de mémoire. On a mal au dos ou ailleurs, on a parfois un ou plusieurs arrêts de travail successifs. On est aussi très fatigué, on n’arrive plus à récupérer. Si les symptômes varient d’une personne à l’autre, dans tous les cas on est obsédé par son travail, rien d’autre n’a d’importance. On y pense avant d’y aller, de retour à la maison, en soirée, en vacances, avec ses amis on ne parle plus ou on ne parle que de travail. On en fait des cauchemars la nuit. On va au travail toute la journée mais on a l’impression de n’avoir rien fait. 

Les personnes touchées sont capables de gérer une grosse charge de travail, mais ne sont émotionnellement plus aptes à gérer les situations qui se présentent : un chef mécontent, une remarque lors d’une séance. Les situations de ce genre prennent une ampleur exagérée. Un manque de discernement fait que les choses sont toutes sur le même plan, il n’y a plus de distinction entre les différents éléments, plus de priorités. Un sentiment d’injustice, de dénigrement de soi s’installe. Et on craque. On pleure. On n’arrive plus à se lever le matin. La situation avec le/la partenaire, les enfants, devient ingérable. 

Arrêt du travail

À ce moment, si on ne l’a pas fait avant, on va chez le médecin et l’arrêt de travail est souvent plus long. Le médecin conseille de faire ce qui fait plaisir, de ne pas se laisser prendre par des contraintes, de se déconnecter complètement du travail. Dans cette phase, on est généralement très peu actif. Parfois déprimé. Cette phase est très individuelle, elle peut durer deux semaines, un mois, un an. Les réactions et les phases par lesquelles on passe varient d’une personne à l’autre et peuvent aller jusqu’à une profonde remise en question (ou pas). Certains font du sport, des activités manuelles comme le jardinage, d’autres prennent des cours de musique ou de coaching. Certains n’ont juste pas la force de faire quoi que ce soit, sauf peut-être la lessive...

Appel à l'aide

Dans la plupart des cas, le/la partenaire joue un rôle prépondérant. C’est lui/elle qui détecte les premiers signes et essaie d’en parler. Malheureusement, la personne touchée n’est souvent pas réceptive, renie ce qui lui arrive, se dit que ça passera. Dans tous les cas, la personne qui a vécu un burn out reconnaît que le soutien dont elle bénéficie joue un rôle prépondérant dans la prise en main de son problème et dans sa guérison.

Une prise en charge professionnelle, par le médecin d’abord et un spécialiste ensuite (psychiatre, psychologue, …), est aussi essentielle. Cette prise en charge doit avoir lieu le plus rapidement possible, et durer tout au long de la phase pendant laquelle la personne ne se sent pas bien. Tous les témoignages le confirment : il faut se faire aider.

Remonter la pente

Puis peu à peu, on reprend courage. Un message sympathique ou un téléphone encourageant de son supérieur et de ses collègues peuvent aider. Et quand on se sent prêt, on reprend le travail, ou on décide de changer de poste. Souvent la reprise se fait à 50% pendant un certain temps. Il est extrêmement difficile de reprendre le travail au même poste, avec les mêmes collègues et le même chef. On a parfois l’étiquette de celui/celle qui a craqué, on peut être évincé de certains projets, avoir des tâches en moins. La plupart du temps, il est préférable de chercher un nouvel emploi ou de demander un autre poste dans la même entreprise.

La recherche d’emploi peut être difficile et parfois, même en changeant d’entreprise, la reprise du travail n’est pas aisée. On n’est pas sûr de soi, on n’est pas prêt, on a besoin de plus de temps ou on n’aime simplement pas le nouveau job qu’on a accepté faute d’autre chose. Dans ce cas, il faut prendre son mal en patience, le temps est le meilleur médicament. Et surtout, il faut continuer à se faire suivre par un spécialiste, jusqu’à ce que l’on se sente vraiment bien.

S'accepter

Il arrive que certains symptômes persistent très longtemps : on n’est plus le/la même, on n’a plus la même mémoire, on n’arrive plus à s’organiser comme par le passé. Il faut accepter ces changements, s’organiser différemment. Des processus de protection, de défense se mettront en place. On ne veut plus se laisser faire. Et on apprend à se recentrer sur ce qui est important dans notre vie. On prend alors de bonnes résolutions, dont celle de ne plus vivre uniquement pour travailler et de s'accepter.

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