Conseils
Mon job a-t-il un sens?

Le sens des choses interroge depuis des millénaires. Diverses disciplines consacrent à cette question le coeur de leur activité. Sociologie, ethnologie, physique, psychologie, philosophie et tant d’autres se posent la question sous divers angles. Depuis quelques années, le sens du travail est une question devenue incontournable.

En passant de l’anthropologue David Graeber qui avait fait le buzz en 2003 en écrivant son pamphlet sur les bullshit jobs (traduit par « les jobs à la con »), par le livre "L’éloge du carburateur" de Matthew Crawford (2009 et traduit en français en 2010), par la 4ème révolution industrielle au dernier congrès romand des associations en Ressources Humaines tenu il y a quelques semaines à Lausanne, le sens de notre travail est central. Un peu comme la santé ou l’air qu’on oublie quand on l’a, le sens de notre travail se rappelle à nous lorsqu’il manque. Toutefois, lors de l’addition de frustrations diverses, chacun d’entre nous a pu se poser cette question : « ai-je un job à la con ? ». J’observe aussi de plus en plus, dans mon entourage personnel ou dans mes consultations, que les gens ne comprennent pas (plus ?) pourquoi et pour quoi ils font certaines tâches.

Mais alors c’est quoi un emploi à la con ou un job inutile ?

Il paraît évident que si médecins, éboueurs, mécaniciens, maraîchers venaient à disparaître, nous ressentirions très vite les conséquences difficiles. Un monde sans musiciens ou cinéastes serait bien plus ennuyant. Et que dire des managers, télé-vendeurs ou consultants ? Je ne vais pas répondre ici à des questions sociétales, toutefois je souhaite inviter à la réflexion, chacun à son niveau.

Nous pouvons nous poser la question par le prisme de la psychologie et le sens découle alors de l’interprétation individuelle des expériences subjectives. Nous nous tournons alors vers nos croyances, nos valeurs, nos attitudes et nos expériences personnelles ainsi qu’aux interactions. Par le prisme de la sociologie, nous attribuons un sens aux activités de manière à refléter des visions socialement et culturellement construites. Nous nous tournons alors vers nos systèmes de valeurs et d’appartenance.

Le concept de valeurs va souvent apparaître dès lors que nous interrogeons le sens. Il existe plusieurs modèles théoriques ou typologies et un nombre conséquents de recherches. Le point commun des divers modèles est que « l’essentiel est invisible pour les yeux » et ces valeurs sont sous-tendues par des besoins qui doivent pouvoir s’exprimer dans un milieu personnel et professionnel. En bref, il est intéressant de reconnaître ce qui oriente notre conduite, nos choix ou renoncements. Identifier nos valeurs est essentiel car elles guident nos vies et mettent le doigt sur ce que nous aurions du mal à lâcher ou « à faire sans ». Le « sans sens » prend alors tout son sens !

Toutefois le sens de notre travail ne dépend pas que des valeurs. La satisfaction au travail, la centralité du travail et la conciliation des domaines de vie sont aussi des axes de réflexion importants. La juste balance entre les divers paramètres relève d’un dosage subtil et parfois compliqué à identifier. Des questions du type « Qu’est-ce que le travail représente pour moi ? Quelle place je souhaite lui apporter dans ma vie ? A quoi ça sert pour moi de travailler ? Qu’est-ce qu’un « bon » travail pour moi ? Qu’est-ce qui me met (mettrait) de bonne humeur le matin en partant travailler ? peuvent inciter et soutenir votre réflexion personnelle.

Avant de conclure, il est important de préciser que cette thématique du sens remplit des pages de littérature et que cet article ne fait qu’effleurer le sujet. Ces questionnements sur le sens sont cependant essentiels car il y a des liens des indicateurs de performance mais surtout avec des indicateurs de santé et de bien-être. La construction de sens est un processus, qui est avant tout subjectif et personnel comme nous l’avons abordé plus haut. Chacun d’entre nous évalue son travail comme étant important (valeur du travail) et utile (valeurs de travail) et toute ceci contribue à former une cohérence de soi.

Si vous trouvez du sens dans votre travail, savourez ! Si vous êtes en perte de sens, c’est fort probablement désagréable, toutefois c’est aussi une fantastique opportunité de réflexion et de (re)-construction.

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