Conseils
Sacrifice ou plaisir : le rapport des jeunes au travail

Crise économique mondiale, plan de restructuration des entreprises, licenciements parfois massifs, délocalisations, chômage, burn-out, voire bore-out, salariés mécontents : il est clair que le modèle « un travail, un salaire et une retraite à vie » a du plomb dans l'aile ! Aujourd'hui, le système est remis en question. Travailler n'est plus un devoir moral et les jeunes cherchent un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle ; l'idéal est même de s'épanouir au travail ! Dans ce contexte, quels sont les attentes et les comportements des générations "Y" et "Z" ? Comment les jeunes envisagent-ils leur avenir ? Est-ce une génération « révolution » ou une génération « dépression » ?  

Gaëlle Pizzotti profile picture Rédigé par Gaëlle Pizzotti

La « fameuse »  génération  « Y » 

La génération « Y » est au jardin d'enfants quand tombe le mur de Berlin ; ils ont entre 5 et 17 ans au lendemain du 11 septembre ; ils ont entre 18 et 30 ans lorsque l'on tire sur Charlie Hebdo ! Ils grandissent dans un monde un peu chaotique : crise économique mondiale, réchauffement climatique, révolution numérique, enjeux sanitaires et sociaux majeurs. 

Une enquête belge, le « Thermomètre Solidaris », nous donne des précisions quant à la vision que cette génération a de la société dans laquelle elle vit : 

  • les structures de la société (éducation, économie et politique) ne font plus rêver 
  • 89 % pensent que l'ascenseur social est cassé 
  • 75 % pensent que leur diplôme ne rencontre pas la demande 
  • plus de 90 % pensent que l'éducation est inefficace 

« La carrière n'est plus considérée comme un pilier de vie, même si 63 % reconnaissent que sans travail, on n'existe pas. » (…). Plus inquiétant est le fait que « 1/3 des jeunes qui ont un travail ne s'y sent pas respecté. Un autre tiers se sent souvent anxieux, angoissé et déprimé ». 

Le constat est assez affligeant, mais pas complètement surprenant. Néanmoins, selon Emmanuelle Duez, fondatrice de The Boson Project (une start-up de conseil en capital humain), la génération « Y » est porteuse d'un nouveau modèle de société qui souhaite changer et réinventer les valeurs liées au monde du travail.  

Selon la directrice du projet, cette génération : 

  • a envie de faire passer le "pourquoi" avant le "comment" 
  • préfère la flexibilité à la sécurité 
  • veut de l'exemplarité avant un statut 
  • a l'ambition de s'accomplir avant celle de réussir 

Ces jeunes ont vu la génération de leurs parents entretenir un rapport souvent sacrificiel avec leur travail ; ils prennent conscience des limites de la société de l'abondance et ils ne veulent plus perdre leur vie à la gagner. Ils ont la volonté d'apporter leur pierre à l'édifice et sont plus enclins à la participation citoyenne. 


Qu'en est-il de la génération « Z »? 

La génération « Z » atteint l'âge adulte et va bientôt entrer sur le marché du travail. Quelles sont leurs attentes? Quelles sont les caractéristiques de cette génération? Selon Benjamin Chaminade, ces sujets "Z" présentent les singularités suivantes: 

  • ils sont plus sélectifs qu'excessifs 
  • cette génération préfère produire que partager 
  • ils préfèrent les images au texte 
  • ils souhaitent agir plutôt que regarder 
  • ils préfèrent les influenceurs plutôt que les célébrités 

Pour résumer, ils sont exigeants, autonomes, créatifs et comptent surtout sur eux-mêmes. Ils sont nés avec la crise, savent que les entreprises ne vont plus leur offrir un poste à vie et souhaitent accomplir des tâches qui leur font plaisir. Sachant également qu'il existe une obsolescence des jobs, ils ne voient pas pourquoi ils feraient de longues études afin de se former pour un travail qui n'existe pas encore ou qui pourrait ne plus exister lors de leur entrée sur le marché du travail. Ils sont donc plus autodidactes, débrouillards et inventifs. Les jeunes se projettent dans la possibilité d'être leur propre entrepreneur quitte à faire des compromis sur leur revenu financier. 


Et demain? 

La génération « Y » a commencé un travail de changement au sein des entreprises; ces jeunes souhaitent une hiérarchie transversale, veulent s'investir dans des projets stimulants et savent que l'entreprise ne va plus leur apporter un avenir durable. 

La génération « Z », elle, souhaite des relations humaines de qualité; elle a envie de "faire ensemble", et de coopérer. Les alternatives sociales et solidaires de partage pourraient bien se faire une place au soleil. Cette jeunesse a donc envie de créer son propre avenir avec un rapport décomplexé face aux "échecs". Pour eux, il est normal de se tromper et ils arrivent facilement à rebondir sur un nouveau projet. 

Gageons donc que les changements à venir pourraient être drastiques ; mais si l'échange est de mise et si les préoccupations des nouvelles générations sont entendues (à l'instar de Loréal qui a introduit le télétravail pour attirer et garder les "jeunes talents"), espérons que la dimension humaine soit de retour dans le monde de l'entreprise et que le bonheur se fasse aussi une place dans la société de manière plus générale. Quand on sait que les employés heureux sont : 2x moins malade, 6x moins absents, 9x plus loyal, 31 % plus productifs et 55 % plus créatifs, on voit bien que nous avons tous quelque chose à y gagner ! 

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