Vous vous êtes inscrite au chômage juste après vos études, était-ce difficile ?
Oui et non. J'ai essayé d'éviter cela en cherchant un job avant la fin de mes études. Mais je ne savais pas encore vraiment ce que je voulais et je voulais me donner le temps de trouver un job qui me plaise vraiment. Heureusement, j'avais anticipé la situation en faisant quelques économies (à savoir qu'en tant qu'étudiant, il y a un délai d'attente de 120 jours avant de toucher des indemnités, puis on touche les indemnités pendant 90 jours seulement, sauf si on a travaillé au moins 12 mois pendant les deux dernières années).
Au début, je ne voulais pas forcément m'inscrire, notamment à cause des 120 jours d'attente, je pensais trouver un travail avant. Mais en parlant avec mon entourage, on m'a conseillé de m'inscrire, pour bénéficier des programmes de formation, de maintenir ma motivation, etc. Alors je me suis décidée à m'inscrire, et je ne regrette pas. C'était très intéressant de voir comment ça se passe, tout ce qui est mis en place pour aider les gens à trouver un emploi, et ça m'a permis de me motiver.
Comment expliquez-vous que vous n'ayez pas trouvé un job avant la fin de vos études? Auriez-vous dû faire quelque chose autrement ?
Environ 6 mois à 1 an avant la fin de mes études, j'ai commencé à chercher des trainee dans des grandes entreprises (définition trainee: programme de 6 à 18 mois offert aux gradués universitaires par une entreprise afin d'apprendre le métier, dans l'optique d'un engagement). Mais je n'étais pas vraiment décidée à travailler dans ce genre de grandes entreprises. Petit à petit, je me suis rendu compte que je pouvais postuler pour des places fixes. C'était difficile au début, car je n'étais pas sûre de mes compétences, et je pense que cela se voyait pendant les entretiens. Pourtant, maintenant je me rends compte que je suis qualifiée. C'est donc cela que j'aurais pu faire autrement: avoir davantage confiance en moi et le montrer.
Est-ce que les recherches d'emploi étaient difficiles à faire? Comment vous y êtes-vous prise?
Je n'ai jamais été à court pour mes 10 à 12 recherches par mois. J'avais environ 4-5 plateformes d'emploi desquelles je recevais toutes les semaines les dernières offres qui correspondaient à ma recherche. Je me suis aussi abonnée aux annonces d'emploi sur LinkedIn, ainsi je recevais régulièrement des emails sur les nouvelles offres. J'ai aussi cherché les entreprises qui m'intéressaient et j'ai pris contact avec elles directement, comme des candidatures spontanées, mais moins formelles. Et comme mon entourage était au courant de mes recherches, j'avais souvent des amis ou de la famille qui me transmettaient des offres qu'ils voyaient.
Pendant votre chômage, comment vous êtes-vous occupée?
J'avais quatre activités principales, à côté de mes recherches d'emploi :
- Mes passions: j'adore la couture, le bricolage et la photographie. Je me suis donc mise à faire un blog où je mets mes créations et mes photos. J'ai vendu quelques créations. Tout ça prend du temps à mettre en place, et c'est très enrichissant et valorisant.
- Les cours du chômage: J'ai aussi suivi des cours dans le cadre du chômage. Notamment pour apprendre à bien faire les recherches d'emploi, les entretiens, etc. Malheureusement, je ne pouvais pas faire de cours de langue ou autres (je ne me souviens plus pourquoi). J'aurais sauté sur l'occasion.
- Conférences et salons: J'en ai profité pour participer à des conférences et à des salons. Beaucoup de conférences sont gratuites. En plus, souvent le café est offert et parfois même une collation à midi ou le soir. En plus d'apprendre des choses intéressantes, on fait des rencontres. C'est aussi grâce à mes visites de salons et conférences que j'ai rencontré mon employeur actuel.
- Freelance: J'ai aussi développé une activité de freelance. C'était histoire de ne pas rester inactive dans mon domaine et de me forcer à faire des rencontres. Je suis plutôt une personne réservée, mais, à ma manière, j'ai fait connaître mon activité, et j'ai osé proposer mes services. C'est une expérience géniale. Maintenant que je travaille comme employée, j'ai laissé un peu cela de côté, mais je garde de bons contacts avec mes anciens clients.
Comment s'est terminée votre période de chômage?
Au bout des 90 jours pendant lesquels j'avais droit aux indemnités, j'ai décidé de me désinscrire. J'aurais pu rester au chômage, faire mes 10-12 demandes d'emploi par mois et toutes les autres obligations, mais sans les indemnités. Ça n'avait donc pas vraiment de sens. Et comme j'avais déjà bien développé mon activité freelance, c'était l'occasion d'aller plus loin, de passer à autre chose.
Pas tous les étudiants vivent bien leur période de chômage (sans prendre en compte les questions d'argent). Que conseillez-vous à ceux-ci ?
Je conseillerai tout d'abord de ne pas voir le chômage comme une fatalité, mais comme une opportunité. Au chômage, on a le temps pour faire des choses qui nous tiennent à cœur, comme une passion (créatrice, sportive,…), on peut assister à des conférences et des salons. Profitez de ce temps libre "forcé" pour faire ce que vous n'aurez pas le temps de faire en emploi.
Cette période de chômage m'a permis de me poser les bonnes questions, de savoir où je voulais aller et comment. Je suis contente d'être arrivée où je suis et de cette manière. Merci beaucoup pour votre témoignage et le temps que vous avez consacré à cette interview.
Alors anciens étudiants, que pensez-vous de cette expérience? Avez-vous vécu la même chose?